Courriel:
hommecible@yahoo.frmailto:hommecible@yahoo.frshapeimage_1_link_0

Histoire d’une fausse accusation

Paix


22 jqnvier 2008. J - 8. Je pensais ne plus écrire jusqu’au 2 février, lendemain de mon procès. J’ai changé
d’avis. Je continue à témoigner du vécu intérieur et des réflexions qu’inspirent une telle affaire.


Depuis quelques jours une nouvelle paix me gagne. Je sens de moins en moins la pression, comme plus léger, comme si cela était déjà derrière moi. Je me surprends à blaguer, à chantonner au réveil. Comme si un nouveau printemps se préparait. Comme si je retrouvais enfin ma vie. J’ai le sentiment d’avoir brûlé beaucoup de doutes, de fragilités anciennes, de restes non réglés d’adolescence, comme si cette “machine à laver” dévastatrice commençait à montrer une utilité personnelle, au-delà du crime dont je suis victime. J’avais déjà eu ce sentiment d’allégement la veille d’être libéré de prison par la Chambre d’accusation, comme un vent doux de printemps qui vient dissoudre les duretés de l’hiver.


Bien sûr il est trop tôt pour croire à la fin du cauchemar, et la charge contre moi a été alourdie à souhait, de façon assez extrême et pernicieuse, pour ne pas dire plus. Ma position frontale, ma critique acide du dysfonctionnement de la justice, mon passé dérangeant - j’ai fait avancer les médecines douces à Genève - font de moi l’homme à abattre. Anyway, je ne me reconnais pas dans le personnage quasi sociopathe que l’on décrit. Je suis clair et serein, totalement convaincu de mon intégrité dans cette affaire, sans un millimètre d’erreur. Mais je sais que rien n’est gagné d’avance, que le poids des médecins et experts qui se sont tous emboîté le pas sera lourd. Je sais que les préjugés sont tenaces, que l’homme est coupable par principe dans cette société. Quand aux réquisitions du Procureur général adjoint, elles sont élaborées avec une quasi perversité, et d’une telle violence morale que visiblement on peut penser qu’il veut m’abattre à tout prix et “sonner” le jury d’entrée de jeu. Il me met si bas qu’il y aura fort à remonter.


Peut-être même ne serai-je pas entendu et réhabilité, malgré les pièces, témoins, invraissemblances et les contradictions démontrés de l’accusatrice. Peut-être même serai-je en prison le 2 février, contre toute vraissemblance. J’ai confiance, je me sens calme, mais je ne vends pas la peau de l’ours... Si c’était le cas bien sûr que je continuerai à me battre. Je me considérerais alors comme un prisonnier politique, prisonnier d’une politique anti-hommes systématisée qui ne se cache même pas, et d’une justice qui doit tenter de détruire la personnalité faute de preuves et d’analyse correcte des dossiers qui lui sont soumis. Gandhi et Martin Luther King ont été emprisonnés pour leurs foi dans un autre humain, ils sont restés dignes. Je m’inspirerais d’eux, et de tous les hommes inconnus qui ont subi la prison de façon injuste et qui sont restés dignes eux aussi. Je continuerai à oeuvrer pour que cette criminalité spécifique des fausses accusations soit enfin reconnue et validée, pour que cela cesse, pour que les hommes prennent la parole sur ce que je nomme un *viol moral”.


Mais j’aspire vraiment à retrouver ma liberté intérieure, à tourner la page et à retrouver ma vie normale. Si enfin cette affaire délirante est terminée, je continuerai à agir pour une justice digne et responsable. J’aurai à reconstruire, j’en ai envie, ma passion de l’humain reprendra le dessus, c’est en moi.


Borderline ou pas?


Quand j’écris: “affaire délirante”, c’est réfléchi. L’accusatrice est définie comme borderline alors qu’il n’y avait pas de signe en ce sens quand je l’ai connue. Je connais actuellement des personnes borderline, et leur souffrance est visible. C’est très difficile de penser à quelqu’un à qui je me suis donné avec coeur, et de me dire qu’elle était peut-être mentalement atteinte. Et c’est très difficile à réaliser quand rien n’était visible, rien de ce genre. Si j’étais certain qu’elle soit malade psychiquement, je pense que je pourrais plus facilement pardonner et retrouver de la compassion pour elle. Alors est-elle borderline ou non? Ses thérapeutes, qui se sont tous emboîté le pas, l’affirment après coup, même au prix d’une faute professionnelle grave et de base pour les deux premiers d’entre eux, et la décrivent avant comme visiblement, pathologiquement fragile, retardée, dépendante et perturbée, ce dont j’aurais profité avec sadisme et cruauté. Ils affirment la croire, croire que ce qu’elle dit s’est passé comme elle le dit - ce qui est une faute professionnelle, une perte de recul. Et l’on me présente comme un monstre froid, calculateur, qui dès qu’il l’a vue a fait un plan pour la cadenasser et abuser d’elle pendant 18 mois. 18 mois sans vivre sous le même toit, pendant lesquels elle voyait régulièrement ses amis et confidents, où elle était en première ligne avec les étudiants de notre école, où elle était perçue comme une battante enthousiaste n’ayant pas sa langue dans sa poche, et comme un rayon de soleil. Je serais un monstre de cruauté et elle une handicapée sans défense. Cela tiendrait du gag si je ne me retrouvais pas aux Assises.


On sait qu’une personnalité borderline peut être tout-à-fait compensée, dynamique, indétectable pendant longtemps. Voici ce qu’en dit un psychologue spécialiste canadien:


Avoir une PERSONNALITÉ borderline n'est pas pathologique en soi.

Au contraire, au degré optimal de fonctionnement, la personnalité borderline peut manifester les caractéristiques suivantes : sensibilité, intuition, perspicacité, introspection, honnêteté, authenticité, passion, créativité, sens artistique, conscience sociale, sens de la justice, humour, énergie, compassion, spontanéité, curiosité, ouverture d'esprit, joie de vivre.

Michel Gagnon, M. Ps., psychologue. Sur le site: www.personnalitelimite.org.

J’ai recherché d’autres pistes, en voici une proposée par Jean Louis PEDINIELLI, Professeur des Universités, Département de Psychologie clinique et psychopathologie à l’Université d’Aix-en-Provence. Mais ce n’est pas la personnalité borderline:

Idées délirantes: Le délire désigne la situation dans laquelle le patient émet des idées en opposition évidente avec la réalité et le sujet est convaincu de ces idées fausses.

Délire d’interprétation: Ils reposent sur l'interprétation délirante : " ayant pour point de départ une sensation réelle, un fait exact, lesquels en vertu d'associations liées aux tendances, à l'affectivité, peuvent prendre à l'aide d'inductions et de déductions erronées, une signification personnelle pour le malade invinciblement poussé à tout rapporter à lui".  “Le délire peut alors aboutir à un récit rappelant un roman policier. Ce délire peut d'ailleurs être partagé par l'entourage ; on parle alors de "délire induit" ou de "délire à deux".

En effet, il y a eu des inductions comme le dossier le démontre. De plus son premier médecin et la psychologue de la LAVI lui ont déroulé le tapis rouge en affirmant fortement qu’ils la croyaient et que ce qu’elle racontait a bien eu lieu. Outre le fait qu’il s’agit d’une faute professionnelle majeure pour des thérapeutes (on ne reprend pas à son compte les propos d’un patient si l’on n’a pas été témoin soi-même) et une perte totale du recul professionnel, ce soutien l’a probablement confortée dans son interprétation.

N’étant pas psychiatre, je ne peux rien affirmer, mais je me pose de vraies questions.


Pour revenir à la personnalité borderline, celle-ci peut facilement être criminelle:

Les risques criminogènes de la

personnalité borderline


Par Cyril Jeckel. Psychiatre Interne en DES Psychiatrie au CHU de Reims.

Article publié en janvier 2002 dans la revue Forensic N°9.


“...Des articles internationaux récents ont permis d’évaluer de façon objective les risques criminogènes des états-limites. Ces sujets peuvent présenter une dangerosité importante, être très violents dans certaines situations, ont des contacts très importants avec la police et peuvent fréquemment présenter des comportements criminels. Il a également été mis en évidence une prévalence importante de la personnalité borderline dans les homicides et dans les agressions sexuelles. Les fausses accusations et le syndrome de Munchausen par procuration font également partie des risques criminogènes de la personnalité borderline.”


“Il faut également souligner que l’existence de mensonge pathologique, de pseudologica fantastica chez certains sujets borderline peut conduire à de fausses accusations. Les accusations mensongères peuvent être dirigées contre leur thérapeute (Gutheil), servant alors de vengeance envers ce dernier.”


“ De même, certaines femmes qui portent plainte de façon abusive pour harcèlement sexuel sont en fait essentiellement motivées par le désir de se dépeindre elles-mêmes comme victimes. A l’instar des fausses accusations de viol, il s’agit souvent de sujets souffrants d’un trouble de la personnalité borderline.”



Les fausses allégations d’agression

sexuelle chez l’adulte1


Michel St-Yves, Psychologue judiciaire, Service de l’analyse du comportement, Sûreté du Québec.

http://www.psychiatrieviolence.ca/PDF_livreCifas/04-Les%20fausses%20allégationsPP_63-77.pdf


Sur la fréquence des fausses accusations:


MacDonald (1971) a relevé que 25% des viols rapportés à la police de Denver étaient éventuellement classés non fondés, et que 20 additionnels étaient considérés douteux (questionnables). McDowell et Hibler (1987), ainsi que Buckley (1992) – avec un échantillon de 1824 agressions sexuelles – ont observé des taux semblables. Kanin (1994) a examiné tous les viols rapportés dans une petite localité du Midwest des États-Unis entre 1978 et 1987. Sur les 109 viols répertoriés, 45 (41%) ont été officiellement déclarés non fondés. Ces taux sont comparables à ceux des escouades spécialisées en agressions sexuelles, comme celle du Service de police de Toronto où 30% des agressions sexuelles perpétrées par des agresseurs inconnus de la victime s’avèrent non fondées.


Théories et motivations


Pour certains, il s’agit de l’œuvre de personnes névrosées qui convertissent leurs fantaisies en croyance, allant même parfois jusqu’à falsifier leur mémoire (Bessmer, 1984). Pour d’autres, il s’agit tout simplement d’un geste impulsif et désespéré qui cache de la détresse (Kanin, 1994). À défaut d’avoir pu réussir à combler un besoin d’une manière adaptée, les besoins d’attention et la recherche de sympathie ont été mobilisés en assumant le rôle de victime (Feldman & Escalona, 1991). Ces personnes choisissent le viol, une forme de violence qui suscite beaucoup d’émotion et dont les autorités médicales et judiciaires ont horreur de mettre en doute la véracité (Feldman, Ford, & Stone, 1994).


Vengeance


Kanin (1994) a observé qu’un peu plus d’une femme sur quatre (27%) a fait de fausses allégations de viol par haine, frustration ou pure vengeance, souvent à la suite d’un rejet (réel ou non). Lorsque les fausses allégations sont faites dans un but vindicatif, le présumé agresseur est toujours identifié par la plaignante.


Besoin d’attention et de sympathie


Selon Kanin (1994), le besoin d’attention et de sympathie est la principale motivation chez 18% des femmes. Lorsqu’elles sont motivées par de tels besoins, les plaignantes vont souvent faire toute une mise en scène pour paraître le plus crédible possible, allant dans certains cas jusqu’à fabriquer des preuves et à se blesser gravement. C’est ce qu’Asher (1951) appelle le syndrome de Munchausen.


La prise de la plainte


Lorsqu’il s’agit d’une fausse allégation, il n’est pas rare d’observer un délai–inexpliqué – avant que la victime ne porte plainte à la police (McDowell & Hibler, 1987). Ce délai peut être de quelques heures seulement, mais peut aussi s’étendre à des mois, voire des années, ce qui rend l’enquête d’autant plus difficile. On observe également que la plainte est souvent faite d’abord à des proches (famille, amis, collègues de travail) ou à une autorité médicale (lors d’un test de grossesse ou d’un examen de dépistage des MTS), qui à leur tour informent les autorités policières ou insistent pour que la victime porte plainte à la police (McDowell & Hibler, 1987). (Note: c’est exactement ainsi qu’elle a procédé dans mon cas. JG)


Comment intervenir face à de fausses allégations?


Il est toujours délicat de confronter une personne qui a un statut de «victime», d’autant plus que l’accuser à tort d’avoir menti peut intensifier son traumatisme et anéantir le rapport qui s’était établi entre elle et l’enquêteur (McDowell & Hibler, 1987). Présumer au départ que les allégations sont valides est moins dommageable pour la victime et plus facilitant pour l’enquête. En adoptant une telle attitude, les victimes, peu importe que leurs allégations soient fondées ou non, collaborent avec plus d’ouverture et de confiance (The National Center for Women and Policing, 2001). Il est donc très important de prendre le temps de créer un rapport avec la plaignante en lui apportant du soutien et en lui évitant de se sentir jugée. Carney (1980) a déterminé que la meilleure approche était d’établir une relation dans le but de découvrir les problèmes sous-jacents. Il faut garder en tête que la plainte à la police a souvent été initiée par une autre personne que la victime. Cette dernière se retrouve donc prisonnière, pour ne pas dire «victime», de son propre mensonge et ne sait plus comment s'en sortir. Plus le mensonge devient gros, plus l’aveu devient difficile. Il faut donc créer un climat qui favorise la confidence et permettre à la pseudo-victime de donner une explication – la sienne –, une version qui lui permettra de sauver la face. Faire de fausses allégations est souvent une façon de protéger son estime de soi. Toute forme d’attaque augmente la résistance des mécanismes de défense. Il faut donc l’aider à préserver ou à retrouver sa dignité.



Voilà où j’en suis actuellement: beaucoup de questions, peu de réponses. J’ai longtemps pensé qu’elle a fait cela en toute conscience, car elle avait un mobile et certaines contradictions étaient très précises. Aujourd’hui, j’admets que peut-être elle était psychiquement malade sans que cela se voie jusqu’à un voyage en Australie où quelque chose s’est passé qui l’a fait décompenser.


Puisse les jurés voir la réalité et ne pas céder à la dictature de l’émotion ni au culte de la victime.

 

Borderline?

Retour à
l’accueilaccueil_homme_cible_1_11_07.htmlaccueil_homme_cible_1_11_07.htmlaccueil_homme_cible_1_11_07.htmlshapeimage_2_link_0shapeimage_2_link_1